D'Hier à Demain
par Nathalie Laprévote
A marcher dans la neige, à l’infini, sur de la glace
Loin des masques, du gel et du plexi-glace
Hier encore la liberté semblait légère, bien ordinaire
Des gestes simples, des embrassades,
Des accolades et des errances
Le long des plages ou dans les parcs
Les bois offerts, les champs possibles
Mais aujourd’hui nos ailes sont collées
Même le ciel semble en prison
Les étoiles elles-mêmes ne font plus rêver
Le monde clos rétrécit l’horizon
La plage est interdite, le voisin un danger
La mort règne en maître du temps
Qui s’égrène, répétitif, au ralenti,
Empêchant toute marche en avant
Le livre est resté posé là
Contaminé, improductif
Dans ce lycée maintenant inaccessible
La maladie a vaincu l’amour
L’enfant, la mère, inséparables
Pourtant sont maintenant éloignés
Les plus âgés s’en vont
Sans une main, sans un sourire,
Dans le silence hospitalier
Dans la froideur glaçante, seuls,
Du lit au cercueil, du cercueil à la fosse
Aller et venir semblait si naturel
Si simple : c’était hier ! Et l’air était léger !
Le vent seul fait encore bruisser les feuilles
Un air frais caresse encore ma joue
La goutte de pluie qui tombe me rappelle à la vie
Elle laisse l’illusion d’une douceur perdue
Mais la liberté se moque des murailles
Le regard porte loin à qui sait regarder
Le mourant dans le cœur ne peut être oublié
Et de toute cette douleur renaitra l’espérance
Un monde nouveau est là qui est prêt à éclore
La nature est si belle et la lumière si claire
Les espèces vivantes réclament leur existence
L’Homme seul doit apprendre à entendre leur chant
Être plus respectueux de l’amour, du vivant
Repenser ses erreurs, regarder droit devant
Retrouver l’essentiel, renouer avec le Temps
Pour retourner au ventre-mère de la Terre
Nathalie Laprévote
Médaille de Vermeil ASL
12 mai 2020